CULTURE

L’histoire est une suite de mensonges sur lesquels on est d’accord

L’histoire est une suite de mensonges sur lesquels on est d’accord. Cette phrase est attribuée à Napoléon Bonaparte, l’un des personnages les plus controversés et les plus influents de l’histoire de France et de l’Europe. Mais que signifie-t-elle exactement ? Et pourquoi Napoléon aurait-il dit cela ?

Dans cet article, nous allons essayer d’expliquer cette réflexion de Napoléon en la replaçant dans son contexte historique et politique, en analysant sa portée philosophique et en examinant ses conséquences sur la manière dont nous concevons et étudions l’histoire aujourd’hui.

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Le contexte historique et politique

Napoléon Bonaparte est né en 1769 en Corse, une île qui venait d’être cédée à la France par la République de Gênes. Il fait ses études militaires à l’école de Brienne puis à l’école militaire de Paris. Il se distingue par son intelligence, son ambition et son talent stratégique. Il participe à la Révolution française de 1789, qui renverse la monarchie absolue et instaure une république basée sur les principes des Lumières : liberté, égalité, fraternité.

Napoléon profite du chaos politique et social engendré par la Révolution pour gravir les échelons de l’armée et du pouvoir. Il remporte plusieurs victoires militaires contre les ennemis de la France, notamment en Italie et en Égypte. Il se fait nommer Premier consul en 1799 après avoir renversé le Directoire par un coup d’État. Il réforme le pays en créant le Code civil, le système métrique, la Banque de France, le Concordat avec le pape, etc. Il se fait proclamer empereur en 1804 après avoir obtenu le soutien du peuple par un plébiscite.

Napoléon poursuit sa politique expansionniste en menant des guerres contre presque toute l’Europe. Il crée un vaste empire qui s’étend de l’Espagne à la Russie, en passant par l’Allemagne, l’Italie, la Hollande, etc. Il impose son système juridique, administratif et économique aux pays conquis. Il se heurte cependant à la résistance des peuples qui aspirent à leur indépendance nationale. Il affronte aussi la coalition des grandes puissances européennes (Angleterre, Autriche, Prusse, Russie) qui craignent sa domination.

Napoléon connaît finalement sa défaite en 1812 après avoir envahi la Russie avec une Grande Armée de plus de 600 000 hommes. Il doit faire face à un hiver rigoureux, à la tactique de la terre brûlée des Russes et à la retraite désastreuse qui décime ses troupes. Il est contraint d’abdiquer en 1814 après avoir été vaincu à Leipzig par la coalition européenne. Il est exilé sur l’île d’Elbe mais il s’en échappe en 1815 pour tenter un retour au pouvoir lors des Cent-Jours. Il est définitivement battu à Waterloo par les Anglais et les Prussiens. Il est alors exilé sur l’île de Sainte-Hélène où il meurt en 1821.

La portée philosophique

La phrase “L’histoire est une suite de mensonges sur lesquels on est d’accord” peut être interprétée de plusieurs manières selon le point de vue que l’on adopte.

La phrase “L’histoire est une suite de mensonges sur lesquels on est d’accord” peut être interprétée de plusieurs manières selon le point de vue que l’on adopte.

D’un point de vue cynique, on peut y voir une expression du mépris de Napoléon pour la vérité historique et pour les peuples qu’il a soumis à sa volonté. Napoléon aurait ainsi manipulé l’histoire à son avantage, en inventant ou en occultant des faits, en exagérant ses victoires ou en minimisant ses défaites, en se présentant comme un héros ou un libérateur, en imposant sa vision aux historiens et aux éducateurs. L’histoire serait alors une construction idéologique au service du pouvoir, qui s’imposerait par la force ou par le consentement.

D’un point de vue relativiste, on peut y voir une expression de la complexité et de la diversité des interprétations possibles de l’histoire. Napoléon aurait ainsi conscience que l’histoire n’est pas une science exacte, mais une narration qui dépend du contexte, du point de vue, des sources, des critères, des valeurs, des intérêts de ceux qui l’écrivent ou qui la lisent. L’histoire serait alors une pluralité de discours qui se confrontent ou se complètent, sans qu’il y ait une vérité unique ou absolue.

D’un point de vue pragmatique, on peut y voir une expression de la fonction sociale et politique de l’histoire. Napoléon aurait ainsi compris que l’histoire n’est pas seulement un récit du passé, mais aussi un instrument du présent et du futur, qui permet de légitimer ou de remettre en cause l’ordre établi, de mobiliser ou de diviser les peuples, de créer ou de détruire des identités collectives. L’histoire serait alors une suite de choix stratégiques qui visent à produire un effet sur les esprits et sur les actions.

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Pour quelles raisons Bonaparte affirme-t-il cela ?

Napoléon a dit : “L’histoire est une suite de mensonges sur lesquels on est d’accord”. Cette phrase illustre la vision cynique et réaliste qu’il avait de l’histoire, qui est souvent écrite par les vainqueurs et qui reflète leurs intérêts et leurs préjugés. Pour démontrer comment Napoléon a raison d’affirmer cela, on peut prendre quelques exemples de l’histoire de France et du monde.

  • L’histoire de la Révolution française est souvent présentée comme un combat pour la liberté, l’égalité et la fraternité, mais elle a aussi été marquée par la violence, la terreur et les guerres civiles. Les révolutionnaires ont exécuté des milliers de personnes, dont le roi Louis XVI et la reine Marie-Antoinette, et ont déclenché des conflits avec les pays voisins. L’histoire officielle a tendance à minimiser ces aspects négatifs et à glorifier les héros comme Robespierre ou Danton, qui étaient pourtant des dictateurs sanguinaires.
  • L’histoire de Napoléon lui-même est aussi sujette à controverse. Il est considéré comme un grand homme qui a réformé la France et qui a conquis l’Europe, mais il a aussi été un despote qui a rétabli l’esclavage dans les colonies et qui a causé la mort de millions de personnes lors de ses campagnes militaires. L’histoire officielle a souvent occulté ses fautes et ses échecs, comme la désastreuse campagne de Russie ou la défaite de Waterloo, et a exalté ses victoires et son génie stratégique.
  • L’histoire du colonialisme est aussi un exemple de mensonge historique. Les puissances européennes ont prétendu apporter la civilisation, la religion et le progrès aux peuples qu’elles ont dominés, mais elles ont en réalité exploité leurs ressources, opprimé leurs cultures et violé leurs droits. L’histoire officielle a souvent ignoré ou justifié ces crimes, et a présenté le colonialisme comme une mission civilisatrice et humanitaire.

Ces exemples montrent que l’histoire n’est pas une science objective, mais une construction subjective qui dépend du point de vue de ceux qui l’écrivent. L’histoire est donc une suite de mensonges sur lesquels on est d’accord, comme le disait Napoléon.

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Toni Lokadi

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