Demandez-vous comment est-ce possible que des gens encore enchainés choisissent comme profession, de parler toute leur vie de l’Egypte antique oubliant complètement que la priorité aurait été celle d’abord de trouver les moyens matériels et les stratégies pour couper les chaines de la soumission et non de tourner la page et passer à autre chose comme si l’esclavage et la colonisation n’étaient qu’un cauchemar passager, et anodin qui n’avait laissé aucune trace, aucun effet secondaire.
Demandez-vous si ce n’est pas suspect que de nombreux intellectuels d’Afrique de l’Ouest se mettent presque tous, au même moment, dans une Afrique de 30 millions de km2 à ne magnifier qu’un seul personnage fictif, qui leur est offert par le prédateur européen sur un plateau d’argent : Chaka-Zulu ! Il est en effet le héros de L’histoire précoloniale qui a le plus inspiré les dramaturges africains.
En voici une petite liste non exhaustive :
1) « La mort de Chaka » de Seydou Badian (1962),
2) « Amazoulou » de Condetto Nénékhaly-Camara, dans Continent-Afrique. P. J. Oswald, 1970, 98 p.
3) « Chaka » de Djibril Tamsir Niane (1971),
4) « Les Amazoulous » d’Abdou Anta Ka (1972),
5) « Le Zulu » de Tchicaya U Tam’si, Nubia, 1977, 149 p.
6) “Shaka, Empereur des Zoulous. Histoire, mythes et légendes” de Jean Sévry, L’Harmattan, Paris, 1991, 251 pages.
7) « Mémoire d’errance » de Tidiane N’Diaye, , A 3, 1998, 205 p.
8) « Chaka » de Léopold Sédar Senghor, dans Robert Jouanny, Éthiopiques : (1956), Hatier, 2002, 175 p.
9) « L’Empire de Chaka Zoulou » de Tidiane N’Diaye, L’Harmattan, 2002, 217 p.
10) « Chaka : théâtre africain » de Djibril Tamsir Niane, dans Sikasso, ou, La dernière citadelle, NEI/CEDA, 2009, 159 p.
11) « Chaka Zoulou : fils du ciel » de Lilyan Kesteloot (ill. Emilie Seron), Bruxelles Paris, Casterman, 2010, 91 p.
12) « Sur les traces de Chaka Zoulou » de Peter Lerangis , Bayard jeunesse, 2012, 252 p. BD
13) “L’Appel de la lune,” de Tidiane N’Diaye, roman, 2017, Gallimard
Le probleme est que probablement, Chaka Zulu jamais existe
Qui est réellement ce personnage avec une légende dans laquelle s’engouffrent tous ces intellectuels africains à la recherche d’une gloire passée qui leur ferait oublier les atrocités et la cruauté de la colonisation ?
Chaka Zulu serait en réalité une histoire montée de toute pièce par l’administration coloniale britannique, en Afrique du Sud, pour offrir aux victimes africaines de sa férocité coloniale, un pseudo passé glorieux incarné par un chef africain encore plus méchant et tyran que la sauvagerie coloniale britannique, pour les consoler du présent.
La première fois que nous avons entendu parler de Chaka Zulu, c’était grâce à un livre intitulé :
« Travels and Adventures in Eastern Africa » de Nathaniel Isaacs (1808–1872), traduit en français par : “Mes aventures… dans un pays qu’aucun homme doué de raison n’a encore foulé”, mais aussi du journal intime de Fynn. Isaacs et Fynn étaient deux amis commerçants et esclavagistes et aventuriers britanniques qui vont séjourner en Afrique du Sud pour leurs trafic. Isaacs nous dit qu’il avait 16 ans, quand il arrive en Juin 1825 en aventure à Cape Natal en Afrique du Sud.
Il est à la recherche de 2 autres aventuriers : Francis Farewell, de la Compagnie britannique des Indes orientales (BEIC) et Francis Fynn, un médecin britannique qui ne donnait pas signe de vie depuis 18 mois.
Aujourd’hui, nous savons que Isaacs a menti sur plusieurs points dans son livre, tout au moins à propos de son sujet principal : Chaka Zulu ! Puisqu’il est loin de s’imaginer que son ami Flynn, au lieu de suivre son conseil, va écrire dans son journal intime la phrase conseillée par Isaacs en 1832 : « Fais paraître Chaka aussi sanguinaire que tu le pourras ».
Mais pourquoi ?
Les historiens et romanciers britanniques vont prendre pour argent comptant les affirmations de Isaacs et s’engouffrer dans cette brèche pour enfoncer le clou d’un Chaka « le mauvais sauvage » qui aurait tué 7.000 personnes de son propre peuple pour venger la mort de sa mère et surtout, il aurait interdit à toutes les femmes de son royaume de rencontrer leurs maris pendant un an et surtout de ne pas boire le lait pendant un an.
L’Anglais Rider Haggard va même plus loin dans un roman publié en 1917 où il affirme : « Ce Napoléon africain… a massacré plus d’un million d’hommes. »
Les racistes européens durant l’apartheid en Afrique du Sud, vont choisir Buthelezi qu’ils sacrent comme le descendant direct de Chaka Zulu et l’incitent à ne pas accepter l’autorité de l’Anc, puisqu’il descendrait d’une lignée très prestigieuse de Chaka Zulu. L’organisation militaire au sein de son parti, l’Inkatha se dit venir tout droit des stratégies militaires de Chaka Zulu. Il est ainsi nommé par le régime d’apartheid, Premier Ministre du Bantoustan du Kwazulu. Un système de marginalisation des Noirs, consistant à les confiner dans les espaces arides et non fertiles qui devenaient leurs Républiques qu’aucun pays du monde ne reconnaissait. Parce qu’il ne s’agissait que d’une farce de mauvais gout contre des victimes sur leurs propres terres.
En 1991, Jean Sévry affirme dans “Shaka, Empereur des Zoulous. Histoire, mythes et légendes” ceci :
« Le pouvoir blanc risque tôt ou tard de se livrer à de nouvelles manipulations de Buthelezi, ce qui lui permettrait, en divisant pour régner, de retarder les échéances inéluctables, j’entends le démantèlement de l’apartheid. Dans ces conditions, Chaka et son mythe ont peut-être encore un bel avenir devant eux. »
Pour les mêmes raisons, les français inventeront la descendance des Noirs d’Afrique des Pharaons d’Egypte. Et plusieurs générations d’intellectuels africains vont s’y engouffrer pour chercher une pseudo fierté pour selon eux se libérer de la France, sans à aucun moment avoir l’intelligence de se demander ce que la France gagnait à les financer, les salarier à vie pour fêter leurs anciennes gloires égyptiennes affirme le professeur Jean-Paul Pougala.