Doit spatial

Le droit qui s’applique aux activités spatiales

Les activités spatiales sont de plus en plus diversifiées et impliquent de nombreux acteurs, tant publics que privés. Quel est le cadre juridique qui régit ces activités ? Quels sont les principes et les règles qui s’appliquent aux activités spatiales ? Quels sont les enjeux et les défis du droit spatial à l’ère du New Space ?

Le cadre juridique qui régit ces activités

Le droit spatial est la branche du droit international qui traite des activités des États dans l’espace dit « extra-atmosphérique ». Il est principalement fondé sur le Traité sur les principes régissant les activités des États en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes, conclu le 27 janvier 1967 et entré en vigueur le 10 octobre 1967 (dit « le Traité de l’Espace ») . Ce traité constitue la « Charte de l’Espace » et énonce les principes fondamentaux du droit spatial, tels que :

– L’espace est libre d’accès et d’exploration pour tous les États, sans discrimination ni restriction ;
– L’espace n’est pas susceptible d’appropriation ni de souveraineté nationale ;
– L’espace doit être utilisé pour le bien commun de l’humanité et à des fins pacifiques ;
– Les États sont responsables des activités spatiales qu’ils mènent ou qu’ils autorisent sous leur juridiction ;
– Les États doivent coopérer et s’entraider en cas de détresse ou de sauvetage des spationautes ;
– Les États doivent informer les autres États et l’ONU de leurs activités spatiales.

Le Traité de l’Espace a été complété par quatre autres traités internationaux négociés au sein des Nations unies :

– L’Accord sur le sauvetage des spationautes, le retour des spationautes et la restitution des objets lancés dans l’espace extra-atmosphérique, conclu le 22 avril 1968 et entré en vigueur le 3 décembre 1968 ;
– La Convention sur la responsabilité internationale pour les dommages causés par les objets spatiaux, conclue le 29 mars 1972 et entrée en vigueur le 1er septembre 1972 ;
– La Convention sur l’immatriculation des objets lancés dans l’espace extra-atmosphérique, conclue le 14 janvier 1975 et entrée en vigueur le 15 septembre 1976 ;
– L’Accord régissant les activités des États sur la Lune et les autres corps célestes, conclu le 18 décembre 1979 et entré en vigueur le 11 juillet 1984.

Ces traités constituent le droit spatial conventionnel, qui est applicable aux États parties. Il existe également un droit spatial coutumier, qui est constitué par les pratiques constantes et reconnues comme obligatoires par les États. Par exemple, le principe de non-appropriation de l’espace est considéré comme une règle coutumière qui s’impose à tous les États.

Le droit spatial conventionnel et coutumier forme le droit spatial général, qui s’applique à toutes les activités spatiales. Toutefois, il existe également des règles spécifiques qui s’appliquent à certaines catégories d’activités spatiales, telles que :

– Le droit des télécommunications spatiales, qui régit l’utilisation du spectre des fréquences radioélectriques et des orbites géostationnaires par les satellites de télécommunications ;
– Le droit de la navigation spatiale, qui régit les conditions d’accès et de circulation dans l’espace aérien et extra-atmosphérique par les engins spatiaux ;
– Le droit de la protection de l’environnement spatial, qui vise à prévenir et à réduire les risques de pollution et de congestion de l’espace par les débris spatiaux.

Ces règles spécifiques sont élaborées par des organisations internationales compétentes, telles que l’Union internationale des télécommunications (UIT), l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) ou le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS). Elles sont complétées par des accords bilatéraux ou multilatéraux entre les États ou les acteurs privés impliqués dans les activités spatiales.

Le droit spatial est donc un domaine complexe et évolutif, qui doit tenir compte des progrès scientifiques et techniques, des besoins économiques et sociaux, ainsi que des enjeux politiques et stratégiques liés à l’exploration et à l’exploitation de l’espace. Il doit également assurer le respect des principes fondamentaux du droit international public, tels que la souveraineté des États, la coopération pacifique, la responsabilité internationale ou le bénéfice commun de l’humanité.

© Pexels/pixabay

Les principes et les règles qui s’appliquent aux activités spatiales

Les activités spatiales sont de plus en plus diversifiées et impliquent de nombreux acteurs, qu’ils soient étatiques ou non. Ces activités présentent des enjeux économiques, scientifiques, stratégiques et environnementaux importants, mais aussi des défis juridiques.

Les principes et les règles qui s’appliquent aux activités spatiales sont principalement issus du droit international public. En effet, l’espace extra-atmosphérique est considéré comme un domaine commun à l’humanité, qui n’est pas soumis à la souveraineté des États ni à l’appropriation privée. Il est régi par un ensemble de traités internationaux négociés au sein des Nations Unies, qui constituent le droit de l’espace au sens strict. Ces traités sont :

– le Traité sur les principes régissant les activités des États en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes, conclu le 27 janvier 1967 et entré en vigueur le 10 octobre 1967 (dit « le Traité de l’Espace »). Ce traité établit les principes fondamentaux du droit de l’espace, tels que l’utilisation pacifique de l’espace, la coopération internationale, la liberté d’accès et d’exploration, la responsabilité des États pour les dommages causés par leurs objets spatiaux, ou encore le statut d’envoyés de l’humanité des spationautes ;

– l’Accord sur le sauvetage des spationautes, le retour des spationautes et la restitution des objets lancés dans l’espace extra-atmosphérique, conclu le 22 avril 1968 et entré en vigueur le 3 décembre 1968. Cet accord prévoit l’obligation pour les États de porter assistance aux spationautes en détresse, ainsi que de restituer les objets spatiaux trouvés sur leur territoire ;

– la Convention sur la responsabilité internationale pour les dommages causés par les objets spatiaux, conclue le 29 mars 1972 et entrée en vigueur le 1er septembre 1972. Cette convention précise les modalités de mise en œuvre de la responsabilité des États pour les dommages causés par leurs objets spatiaux, qu’ils soient lancés par eux-mêmes ou par des entités non gouvernementales ;

– la Convention sur l’immatriculation des objets lancés dans l’espace extra-atmosphérique, conclue le 14 janvier 1975 et entrée en vigueur le 15 septembre 1976. Cette convention impose aux États de tenir un registre national des objets spatiaux qu’ils lancent ou dont ils autorisent le lancement, et de communiquer ces informations au Secrétaire général des Nations Unies ;

– le Traité régissant les activités des États sur la Lune et les autres corps célestes, conclu le 18 décembre 1979 et entré en vigueur le 11 juillet 1984 (dit « le Traité sur la Lune »). Ce traité complète le Traité de l’Espace en ce qui concerne la Lune et les autres corps célestes, en affirmant leur caractère de patrimoine commun de l’humanité, en interdisant leur appropriation ou leur militarisation, et en prévoyant un régime international pour leur exploitation.

Ces traités sont complétés par d’autres instruments juridiques internationaux relatifs à des aspects spécifiques des activités spatiales, tels que les principes relatifs à l’utilisation directe par satellite de la télévision à vocation éducative (1982), les principes relatifs à l’utilisation par les États de satellites de télécommunications géostationnaires (1986) et les principes relatifs à la protection de l’environnement spatial (1992). Ces instruments visent à promouvoir la coopération internationale et le respect du droit international dans le domaine spatial, ainsi qu’à prévenir les conflits et les dommages causés par les activités spatiales. Ils constituent un cadre normatif essentiel pour le développement pacifique et durable de l’espace.

© Pexels/Pixabay

Les défis du droit spatial à l’ère du New Space

Le New Space est un terme qui désigne l’émergence de nouveaux acteurs privés dans le domaine spatial, qui se distinguent des acteurs étatiques traditionnels par leur dynamisme, leur innovation et leur ambition. Ces acteurs privés, tels que SpaceX, Blue Origin ou Virgin Galactic, ont pour objectif de démocratiser l’accès à l’espace et de développer de nouvelles activités commerciales, comme le tourisme spatial, l’exploitation des ressources spatiales ou la colonisation de la Lune et de Mars.

Ces activités posent de nombreux défis juridiques, car le droit spatial actuel est principalement fondé sur le Traité de l’espace de 1967, qui a été élaboré dans un contexte de guerre froide et de course à la Lune entre les États-Unis et l’Union soviétique. Ce traité consacre des principes fondamentaux, tels que la liberté d’exploration et d’utilisation de l’espace par tous les États, le caractère non-appropriable de l’espace et des corps célestes, la responsabilité des États pour les dommages causés par leurs objets spatiaux ou la coopération internationale pour la recherche pacifique.

Or, ces principes sont aujourd’hui remis en question par les acteurs du New Space, qui revendiquent une plus grande autonomie et une plus grande flexibilité dans leurs activités spatiales. Par exemple, SpaceX envisage de créer une ville sur Mars avec sa propre gouvernance et sa propre juridiction, ce qui pourrait entrer en conflit avec le principe de souveraineté des États sur leurs ressortissants dans l’espace. De même, Blue Origin projette d’exploiter les ressources lunaires, ce qui pourrait contredire le principe de non-appropriation de l’espace et des corps célestes.

Face à ces nouveaux enjeux, le droit spatial doit évoluer pour s’adapter aux réalités du New Space et assurer un équilibre entre les intérêts des acteurs privés et ceux de la communauté internationale. Il faut notamment renforcer la régulation des activités privées dans l’espace, en définissant des normes techniques, éthiques et environnementales, ainsi que des mécanismes de contrôle et de sanction. Il faut également favoriser la coopération entre les acteurs étatiques et privés, en créant des cadres juridiques communs ou des partenariats public-privé. Enfin, il faut promouvoir le dialogue et la négociation entre les différents acteurs du New Space, en impliquant les organisations internationales existantes ou en créant de nouvelles instances dédiées.

Le droit spatial est donc confronté à un défi majeur à l’ère du New Space : celui de concilier le développement économique et social de l’espace avec le respect du droit international et du bien commun de l’humanité.

Partager cet article
Toni Lokadi

Toni Lokadi

About Author

Toni est responsable du contenu éditorial. L'objectif est de rendre accessible la connaissance et l'information juridique au plus grand nombre grâce à un contenu simple et de qualité.

Sur le même thème

Doit spatial

Peut-on acheter une planète ?

Le traité de 1967 sur l'espace extra-atmosphérique, créé pour réglementer les activités spatiales internationales, dispose que "l'exploration et l'utilisation de
Doit spatial

La responsabilité des États et des entités privées qui lancent des objets ou des personnes dans l’espace

La responsabilité des États et des entités privées qui lancent des objets ou des personnes dans l'espace est un sujet
error: Vous ne pouvez pas copier les contenus de ce site !